Anne-Émilie Philippe

instant t.



Performance jouée à la Held, Leipzig (GE) lors de l'exposition Festisvall.
Collants sérigraphies, 12 filles.





Ephémère et infinie. L'oeuvre performative d'Anne-Emilie Philippe nous emmène dans un monde de paradoxes qui commence avec le choix du support.
Symbole de l'obsolescence programmée, premier objet de consommation de masse, l'artiste s'approprie le collant. Celui qui file, qui s'enfile et défile. Support éphémère sur lequel se dévoile un motif : une montagne. Nature immuable, éternelle ou presque.
Imprimé en sérigraphie sur des collants dont la teinture unique fait évoluer un ciel poétiquement nuageux, elle donne ainsi un relief à un paysage brumeux, dont on ignore s'il s'agit d'une photographie ou d'une peinture inspirée par les tableaux de Friedrich.

Surprenante, la performance assemble, désassemble et crée à l'infini de nouveaux horizons à la façon d'un myriorama -le jeu ayant inspiré la performance, The endless landscape, qui fut justement imprimé à Leipzig à la fin du 19eme siècle ; ces 24 cartes proposent un nombre égal de combinaisons soit 24 puissance 24 d'un paysage curieusement harmonieux.
Anne-Emilie construit son propre jeu, les cartes sont devenues des femmes en collant. Déambulant librement, elles évoluent dans l'espace d'exposition de la Held lors du vernissage. Jusqu'à l'instant t.
Les douze paires de jambes s'alignent et composent alors l'un des billiard de milliards des panoramas possibles.
La montagne se révèle alors réel motif, motif à provoquer ce moment, l'apparition fugace d'une image de paysage.

Texte S. Reinling, mai 2014.
Pics Jara Ingibjörg